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5 janvier 2015 1 05 /01 /janvier /2015 09:54

DA LAST Mr BIGG : Disparition d'une légende (Alabama).

Da Last Mr Bigg avait reçu deux balles dans la tête en 2004, perdu un oeil, remplacé le trou béant par un diamant incrusté pour finalement acquérir ce statut de vétéran miraculé que les journalistes consultaient le temps d'un documentaire ("Number One With A Bullet") mettant une fois de plus dans la balance violence et hip hop...

Hormis son incroyable "blax pimp swag" qui inspirait le respect, Mr Bigg aimait avant tout que l'on s'attarde sur sa science de tribun acquise à la force du jarret à une époque où le rap game véhiculait cette dimension tragique du drame shakespearien... #RIP

Alley Boy ~ NIGGANATI. (2012)

Après quelques errances médiatiques qui l'avaient contraint à verser quelques gouttes d'eau bénite dans son syrup quotidien, Alley Boy avait su trouver le bon dosage. Nul doute que NIGGANATI était son meilleur travail accompli depuis ses débuts, un opus largement plus cohésif que les précédents, fondamentalement street mais pas que... L'intro qui recrachait ce vieux discours de Martin Luther King posait les jalons d'une rhétorique munie de cette conscience sociétale qui avait fuit la rime populaire noire, car mise au banc par l'émergence du trap rap et ses maintes variantes. Jusque là, Alley Boy n'avait jamais été d'une technicité bouleversante. Il était l'archétype même du rappeur robuste, véhément, un tribun qui aimait propulser ses "amis" ou plutôt les sacs de viande qu'étaient Yung LA et OJ Da Juiceman dans un coin sombre du ring pour mieux les ajuster.

Alley Boy s'était-il rêvé en Pimp C new age ? Trop tard, la place était déjà occupée... c'est Big K.R.I.T. qui tenait la corde. Peut être avait-il sollicité une aide extérieure pour enregistrer NIGGANATI, comme le fit une semaine avant sa mort Doc Holliday ? Tubard au bout du rouleau, il est dit que l'ex-arracheur de dents s'était converti à plusieurs religions en même temps, geste typique du joueur invétéré qui misait sur toutes les possiblités pour réussir son voyage vers l'au-delà.

En parlant de voyage, Alley Boy était en train d'accomplir le sien. Vol en classe affaires svp. D'où cette envie pressante de se démarquer des « anciens » (T.I. et Young Jeezy), voire des « nouveaux » (Gucci Mane, Wacka Flocka), et d'afficher ses ambitions. D'où ce délicat exercice de contorsion qui avait la faculté de ménager la rue et l'éthique, la conscience et la nécessité, bref, la chèvre et le choux...

Ce faisant, NIGGANATI allait propulser Alley Boy hors du ring éclairé par la lampe borgne qui l'avait vu grandir et le délester une bonne fois pour toute de sa réputation de puncheur à la philanthropie vacillante...

DJ Paul feat DJ Zirk

"STICK EM UP" [Prod. by Drumma Boy / 2010 Single]

DJ Paul & DJ Zirk ! Ce n'est pas moins une méga star et une légende vivante d'Orange Mound qui s'associaient pour un titre 100% crunk sur la mixtape Too Kill Again ! Il faut avouer que, bien qu'alléchante, l'affiche de STICK EM UP était pour ainsi dire assez incongrue. C'est un peu comme si Papa Wemba invitait Bozi Boziana pour un énième jubilé sur la Rumba Congolaise. Passaient les années et la old school s'était un peu momifiée...

En dehors du fait que deux cadors de Memphis montaient sur le ring dressé par le producteur Drumma Boy, ce sont surtout deux facettes du rap game qui se confrontaient subitement:

A ma gauche, DJ Paul qui avait vendu son âme crunk à l'establishment du disque et fait de 3-6 Mafia une entreprise prospère. A ma droite, DJ Zirk, lequel malgré une poignée d'albums devenus mythiques auprès des crunkophiles du monde entier avait très peu engrangé, financièrement parlant, mais était toujours parvenu à faire vivoter son label 2 Thick records envers et contre toutes spéculations dont le rap est coutumier.

Bref, à cet instant, Drumma Boy avait momentanément délaissé ses bolides (T.I., Jeezy, Lil Wayne, T-Pain, Rick Ross, Gucci Mane, Plies, Kanye West) afin de venir - il est natif de Memphis - remettre les mains dans le cambouis. Ce faisant, il nous précipitait dans le bain du 'new age crunk', une redite (cf. Tom Skeemask) toujours plus 'hot', encore plus 'nasty' qu'elle ne le fut jamais.

Face Forever ~ WORLD of CRIME. (1996)

Issu du 3rd Ward et composé des tribuns J.S. and Red Money, tout autant vêtus de gloire locale éphémère que du costume d'Alex DeLarge d'Orange Mécanique, Face Forever fait alors parti de la fange underground où règnent sans partage Sircle of Sin, Swamp Click, MC Spud, Legend Man, Young Gangstas, Murder Inc et Crazy en cette année 1996. A cet instant crucial où l'une des lucioles de la Bounce music et membre de U.N.L.V., l'impétueux Yella Boyee, vient de manger un pruneau avarié alors qu'il est tranquillement installé au volant de sa poubelle... A ce moment précis où UPTOWN 4 LIFE est en train de pulvériser la baraque à french frie$, où les chenilles du tank No' Limit ont déjà commencé à écraser toute opposition tangible sur leur passage.

Fidèle aux valeurs universelles du G-funk, WORLD OF CRIME succède à R.A.W. un premier mini-album qui a fait un joli petit raffut l'année précédente. A la fois, sec, beau et tragique, WORLD OF CRIME raconte de façon douloureuse les vicissitudes de la rue orléanaise, autrement dit, ce que les armes ont pris l'habitude d'exprimer avant que la fumée se dissipe, que la poussière soit retombée, que l'argent sale soit ramassé et les vies à jamais perdues...

Ten Wanted Men ~ WANTED: DEAD OR ALIVE. (1995)

1996. On The Run éclabousse par sa contenance hardcore sans faille. Un album aujourd'hui très couru par les amateurs du genre notamment pour cette street credibility qui n'en finissait plus d'accorder à Tommy Wright une réputation hautement établie de « The 1 Man Gang » à Memphis et dans les environs... A cet instant, le buck dancing fait rage et les rappeurs de l'underground crèvent comme des mouches. Ici, le succès de ce crunk-core sound qui a mis le feu aux poudres Tommy Wright le doit en grande partie à une seule et unique personne: DJ Squeeky, l'un des alchimistes les plus pervers de M-Town en ce qui concernent les beats à la fois hypnotiques et ténébreux.

Un an auparavant, en 1995, précédemment à sa prise de pouvoir à la tête de Ten Wanted Men, Tommy Wright avait déjà défrayé la chronique avec ce que l'on considère comme la Génèse de la crunk locale : Memphis Massacre & m>Runnin' And Gunnin' sortis simultanément en 1993 et 1994, uniquement en K7 chez Street Smart Records. Au delà du backbeat lugubre instantanément identifiable, Wright impressionnait quiconque osait le défier par sa créativité grammairienne qui s'écoulait d'un flow enflammé, ultra flexible. Ten Wanted Men était alors composé de Tommy Wright, Jesse James, La Chat, 2-Faced, Lil' Ramsey, Mac T-Dog et Project Pimp.

Taylor Boyz ~ 28 GRAMZ : PURE DOPE [Memphis, 1996]

Autant DJ Paul & Juicy J ont fait de leur label un Kamp disciplinaire où se sont multipliés addictions, arnaques et licenciements, autant Al Kapone a fait d'Alkatraz une entreprise de redressement exemplaire.

Elément mutin échappé des gêoles d'Alkatraz Dope Muzik en cette année 1996, 28 GRAMZ: PURE DOPE se débarrassait promptement de son grappin 'buck & crunk' pour une cavale qui allait l'élever au rang de CD fugitif légendaire.

[Skit] A noter qu'à cet instant les Boyz carambouilleurs du Sud sont légions -- Robinson Boyz, Hot Boys, Hard Boyz, 5th Ward Boyz, Filthy Boys, Botany Boyz etc -- Au delà de la particule couillue, laquelle fait d'eux des affranchis du hood, il faut savoir jouer des coudes dans le biz du rap. D'autant que les outsiders ont des ambitions démesurées et réfutent le fait d'être cantonné au rôle d'amuseurs publics. Tous savent pertinemment que, Boyz ou pas, ceux qui hypothèquent leurs chances finiront tôt ou tard par bouffer la gamelle.

Passé sous le radar sensé détecter le ou les disques condamnés à la perpétuité, 28 GRAMZ PURE DOPE mérite sa jolie petite réputation underground. A cheval entre tradition crunk locale et dynamisantes innovations, The Taylor Boyz (K.O. Cane Wayne & Taylor Boy) Sir Vince, DJ Squeeky et consorts ont oeuvré afin que cela reste à tout jamais une étape marquante du combat rap du milieu des années 90 dans le M.

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